Avec plus de 400 salons et 10 millions de visiteurs chaque année, Paris est la ville accueillant le plus de congrès et d’expositions au monde. Le secteur événementiel ultra polluant est de plus en plus remis en question aujourd’hui. La capitale semble donc toute désignée pour mener la bataille contre les déchets et le gaspillage dans cette industrie.
C’est le défi que s’est donné Le Paris Pilot du Reflow.
Tout d’abord l’histoire, comme bien souvent, part d’un constat. Celui que les villes consomment plus de ressources qu’elles n’en produisent et qu’en 2050, 68% de la population mondiale vivra en zone urbaine. Un consortium d’acteurs public, privé et citoyen de l’Union Européenne décide alors de répondre à l’urgence de repenser nos modes de consommation et de production avec la création du programme Reflow.
Mis en place en 2019, l’objectif est de repenser notre économie et la configuration des villes pour tendre, en 2022, vers un modèle de villes circulaires et régénératrices. Pour ce faire il faut comprendre, étudier, analyser les flux sortants et entrants qui définissent le métabolisme urbain* d’une ville. Ainsi, mieux connaître ses flux permet une meilleure gestion des stocks, des matériaux, des transports, favorise la valorisation des déchets et diminue donc drastiquement la pollution sous toutes ses formes.
* ”Le métabolisme territorial repose sur une métaphore qui compare les territoires à des corps : pour assurer leurs fonctions vitales, ils ont besoin de puiser des matières et de l’énergie qu’ils consomment, transforment puis excrètent.”
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/metabolisme
S’appuyant sur 6 villes pilotes, le projet vise de nouvelles façons de faire et de penser tout en mobilisant les citoyens, les entreprises et les institutions publiques.
Chaque ville a une thématique de recherche spécifique :
- Amsterdam (Hollande) s’intéresse à l’industrie du textile et s’interroge sur la manière dont peuvent être recyclées et réutilisées ces matières.
- Berlin (Allemagne) travaille à optimiser l’utilisation de la chaleur résiduelle afin d’économiser au maximum nos énergies.
- Cluj-Napoca (Roumanie) organise des communautés pour permettre une meilleure communication et sensibilisation auprès des populations sur les sujets des énergies.
- Milan (Italie) œuvre à la dynamisation de l’alimentation locale en améliorant la logistique et en analysant l’interaction entre zones rurale et urbaine.
- Paris (France) analyse les flux et la durée de vie des matériaux utilisés lors d’événements afin de les optimiser.
- Vejle (Danemark) conçoit de nouvelles stratégies pour limiter et réutiliser le plastique au maximum.
Focus sur Paris
Le pilote français, “Fair Tracker”, confié au Fab City Paris, la Mairie de Paris, Volumes et Ars Longa, étudie les flux des matériaux nécessaires pour l’événementiel.
Chaque étape de la vie du matériel (conception, utilisation, transport, stockage, réutilisation…) est analysée car ce sont autant de chemins et d’alternatives qui sont possibles. Une fois un schéma de vie défini, et suivant un protocole circulaire, un label de traçabilité CE sera mis en place pour suivre et attester l’origine du matériel.
Des espaces de stockage intelligents sont également pensés qui, grâce à un meilleur traitement des données, permettront une gestion des flux plus juste.
Pour faciliter l’émergence et l’interaction des entreprises de ce domaine, Driven, une plateforme d’incubation et d’échange à vu le jour. Enfin un travail de lobbying se fera à la fois pour influencer les décideurs publics pour une réglementation plus stricte et pour sensibiliser les acteurs, entreprises et citoyen·es à ce sujet. En effet, l’émergence de cette prise de conscience doit s’affirmer. Pour ce faire chez Sinny&Ooko, nous avons mis en place depuis 2019 une charte éco-responsable que nous demandons à nos partenaires d’appliquer. Celle-ci permet de sensibiliser chaque organisateur·trices pour des événements plus éthiques.
Le sujet d’une meilleure gestion des matériaux est d’autant plus d’actualité que la ville de Paris est l’hôte des Jeux Olympiques de 2024. Elle aura à prouver que les événements nécessitant des infrastructures temporaires peuvent être conçus dans une économie circulaire.
Pour en savoir plus sur le sujet :